L’édition 2021 de la European Hydrogen Week s’est tenue la semaine passée – du 29 novembre au 3 décembre. Co-organisée par le Fuel Cells Hydrogen JU et la Commission européenne, cette grand-messe du secteur fut l’occasion pour les partie-prenantes (responsables politiques, industrie, société civile, communauté de recherche) d’énoncer un certain nombre de priorités stratégiques. Ce fut également une opportunité pour les principaux acteurs politiques de l’UE de marquer l’événement de leurs annonces.
Un discours d’ouverture pointant l’enjeu climatique
Lors du discours d’ouverture de la European Hydrogen Week 2021, la présidente de la Commission européenne Ursula Von Der Leyen a réaffirmé la place centrale qu’il sera essentiel d’accorder à l’hydrogène propre dans l’économie climatiquement neutre de l’avenir. Elle met en perspective cet événement sur l’hydrogène avec les discussions tenues à Glasgow début novembre (COP26).
Trois points clés ressortent du propos de la présidente de la Commission :
1 – Pour atteindre les objectifs climatiques, nous devons accélérer l’économie européenne de l’hydrogène. La Commission a ainsi fixé l’objectif ambitieux de porter la production annuelle européenne d’hydrogène vert à 10 millions de tonnes d’ici à 2030.
2 – L’Europe comme un pionnier dans la construction d’un marché mondial de l’hydrogène. C’est en ce sens que la Commission s’est engagé, avec d’autres pays, à créer 100 vallées de l’hydrogène dans le monde. L’hydrogène propre est un sujet global qui doit impliquer tous les partenaires mondiaux de l’UE, y compris en Afrique.
3 – La coopération est le mot clé du programme européen pour l’hydrogène. Elle devra se faire tant avec les Etats tiers qu’avec les parties prenantes privées en Europe. C’est le sens de l’Alliance européenne pour l’hydrogène propre, qui compte 1 500 membres à ce jour, et dont le rôle est de collecter des projets d’investissement viables dans l’hydrogène propre. C’est aussi le sens du JU Clean Hydrogen qui réunit la Commission européenne, l’industrie de l’hydrogène, des chercheurs et des innovateurs ainsi que des décideurs politiques des États membres, dans le but d’élaborer un agenda stratégique durable et compétitif en matière de recherche et d’innovation sur l’hydrogène propre.
Les priorités stratégiques pour l’hydrogène
La European Hydrogen Week 2021 fut l’occasion pour le secteur de présenter ses priorités stratégiques pour l’économie de l’hydrogène. Tous les acteurs, y compris la communauté scientifique, ont pu discuter de ces priorités.
Les priorités générales visent à combler les écarts entre les technologies prêtes à être commercialisées et l’adoption à grande échelle, tout en poursuivant les efforts pour améliorer et diversifier les options technologiques.
Plus spécifiquement, on retrouve l’importance de l’acquisition de compétences spécialisées à la création d’un centre de connaissances sur l’hydrogène, en passant par la manière dont l’UE peut intensifier la production, la distribution, le stockage et la consommation rentables d’hydrogène renouvelable.
Focus sur le secteur de la mobilité
Les priorités stratégiques pour l’hydrogène couvrent un certain nombre de secteurs. Si la production reste à ce jour le principal point d’attention des partie prenantes, le sujet de la mobilité comme usage reste largement évoqué dans les discussions.
Dans la logique de l’objectif de l’UE d’être neutre sur le plan climatique d’ici à 2050, le secteur des transports se trouve soumis à des pressions pour réduire ses émissions. La stratégie de l’UE en faveur de la mobilité durable et intelligente (SSMS) définit la marche à suivre pour atteindre cet objectif et place l’hydrogène propre comme un élément essentiel à sa mise en œuvre.
Pour y parvenir, la Commissaire européenne en charge du Transport Adina Valean a identifié deux priorités : renforcer à la fois la production et les canaux de distribution. Pour le transport routier, la Commissaire annonce des objectifs contraignants pour les stations de ravitaillement en hydrogène dans la proposition de nouveau règlement sur les infrastructures de carburants de substitution (AFIR).
L’objectif est de créer un réseau suffisamment dense de stations de ravitaillement en hydrogène pour assurer une connectivité transfrontalière et faire circuler 60 000 camions à hydrogène en Europe d’ici à 2030.
L’hydrogène est perçu par les acteurs politiques de l’UE comme un levier pour accroitre le processus de décarbonation de la mobilité. Le travail de sensibilisation effectué par le secteur de la mobilité est réussi. Reste à savoir si cela se traduira par des collaborations ambitieuses entre acteurs publics et privés, de manière à accélérer le déploiement de l’hydrogène à grande échelle, et « faire de ce potentiel une réalité ».