Depuis le 1er janvier 2021, le Portugal occupe la tête du Conseil de l’Union européenne selon la devise « Le temps d’agir : pour une reprise juste, verte et numérique ». L’enjeu ici sera de mettre la lumière sur les éléments susceptibles d’impacter les secteurs de la mobilité et de l’automobile au sein des priorités énoncées par la nouvelle présidence.
Le Portugal a articulé ses priorités pour les prochains six mois selon plusieurs axes majeurs. D’abord, l’accent sera mis sur les transitions climatique et numérique. On trouve ensuite la mise en œuvre du socle européen des droits sociaux, en tant qu’élément distinctif et essentiel pour garantir une transition climatique et numérique juste et inclusive. Enfin, la présidence entend insister sur le renforcement de l’autonomie stratégique d’une Europe qui doit rester ouverte sur le monde (en concordance avec le souhait de la présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, de voir émerger une « Europe plus géopolitique »), ainsi que sur le rôle de premier plan que l’UE a vocation à jouer en matière d’action climatique et de transformation numérique.
Ces grandes priorités seront déclinées en lignes d’actions, au sein desquelles les enjeux liés à la mobilité sont évoqués.
Premièrement, le Portugal entend agir pour « une Europe résiliente ». Globalement, il s’agira de favoriser la relance, la cohésion et les valeurs européennes au travers du vaste plan de relance économique post-Covid.
Avec l’objectif de diminution la dépendance extérieure de l’UE concernant les biens et les technologies critiques par l’investissement dans l’innovation, la présidence souligne également l’importance de défendre l’autonomie industrielle de l’Europe. Elle entend s’appuyer sur le développement d’une stratégie stimulant les chaînes de valorisation européennes et favorisant la consolidation des PME ainsi que les secteurs les plus touchés par la crise.
Concrètement, la présidence souhaite diversifier la production européenne, les fournisseurs extérieurs et les chaînes d’approvisionnement globales de l’UE, afin de diminuer la dépendance extérieure notamment en matière de technologies de pointe. À l’heure du développement de l’électromobilité, Bruxelles encouragera donc le maintien sur le continent européen de la chaine de valeur liée à la fabrication d’un véhicule électrique.
Deuxièmement, le Portugal insiste sur l’importance d’une « Europe verte » et leader en matière d’action pour le climat. Les objectifs généraux de cette ligne d’action sont l’augmentation de la capacité d’adaptation aux effets de changement climatique et la mise en avant des avantages compétitifs d’un modèle économique sans carbone.
Plus précisément, l’objectif annoncé comprend la transition vers une économie compétitive et neutre en carbone, l’économie circulaire, ainsi que l’innovation et la sécurité de l’approvisionnement en énergie. En ce sens, le développement d’une mobilité zéro émission au niveau européen, ainsi que la transition énergétique des industries liées à la fabrication de véhicules, seront largement encouragés par l’UE au cours des mois à venir.
Troisièmement, le Portugal priorisera l’enjeu numérique pour l’Europe. Il s’agira de favoriser de nouvelles solutions et stratégies numériques pour la transition verte notamment dans les domaines de la santé, de la recherche et de l’innovation, et de la mobilité.
Ainsi, les solutions de mobilité intelligentes seront largement valorisées par la présidence. Sur ce point, on notera que Lisbonne accueillera en avril prochain le Smart Mobility Summit 2021, événement ayant vocation à mettre la lumière sur les technologies de demain en la matière.
L’ensemble de ces priorités ont été réaffirmées par le ministre des infrastructures et du logement, Pedro Nuno Santos, et la secrétaire d’État au tourisme, Rita Marques, lors de leur audition devant les parlementaires européens le 26 janvier dernier. À cette occasion, le Portugal a souligné que le tourisme et les transports sont deux des secteurs les plus touchés par la pandémie, ce pourquoi il s’efforcera de contribuer à une relance rapide et à une transition du secteur des transports, afin de le rendre plus résilient, plus écologique et plus intelligent.
Les deux ministres ont également insisté sur la mise en œuvre de la nouvelle stratégie de mobilité de l’UE. Les députés de la commission des transports ont notamment salué l’accent mis par la présidence sur la mobilité durable. Ils ont demandé à la présidence de faire avancer les projets de règles concernant le mécanisme pour l’interconnexion en Europe (MIE).
En résumé, le gouvernement portugais s’inscrit dans la continuité son prédécesseur allemand, dans le respect du mécanisme des présidences tournantes prévu dans les traités européens. À Bruxelles, les notions de résilience, de décarbonation et de numérisation resteront donc les leitmotive des grandes tendances politiques en matière d’automobile et de mobilité lors des mois à venir.